L'Eglise est-elle en crise?
L’abbé Paul Maire* présentera son livre « Le monde, l’Eglise et la crise » à l’église Sainte Anne samedi 8 décembre à 17h00 et présidera l’eucharistie de 18h00.
Paul Maire,
Le monde, l’Eglise et la crise,
Editions Beaurepaire, 17 €
Beaucoup d’ouvrages traitent de la crise du monde ou de la crise de l’Eglise. L’intérêt de celui de Paul Maire, prêtre du diocèse de Metz, ancien aumônier national ACO, est de montrer, dans un langage accessible à tous, comment la crise de l’Eglise est liée à la crise du monde.
Ce monde en mutation se caractérise par l’émancipation de l’individu. Celui-ci connaît huit transformations majeures : dans le rapport à soi (liberté de ses choix) ; le rapport au corps ( souci de la santé) ; le rapport aux autres (choix de ses relations, engagement ponctuel) ; le rapport aux choses (société de consommation) ; le rapport au temps (toujours plus vite) ; le rapport à l’espace (le monde est devenu un village global) ; le rapport aux valeurs (celles-ci prolifèrent, il s’agit de les hiérarchiser) ; le rapport au salut (le bonheur ici et maintenant et non dans l’au-delà). Du fait de cette individualisation de la société, les institutions (famille, école, armée, politique, justice, Eglise) perdent de leur emprise.
Comment se répercute le choc de la modernité sur l’Eglise ? Nous passons d’une religion héritée à une religion choisie, une « religion à la carte ». La « civilisation paroissiale », incarnée dans le monde rural, doit s’accommoder à une société urbaine, sécularisée, branchée par Internet sur les courants religieux mondiaux (pentecôtisme, islam, bouddhisme…). Des résistances se manifestent : on veut marquer son identité chrétienne de manière plus visible.
Quels chemins d’avenir ouvrir ? Il s’agit d’aller au cœur de la foi : « Dieu aime le monde, il a vaincu le mal et la mort, il entraîne l’humanité dans le sillage de la Résurrection, il nous associe à son œuvre. » C’est l’heure des laïcs. Leur terrain prioritaire d’engagement, c’est « le travail, la famille, la politique, l’économie, la science, la nature, la planète ». Par leur baptême, ils sont aussi coresponsables de l’Eglise. Les petites communautés, alimentées par la lecture de la Bible, seront les cellules vivantes de l’Eglise de demain. Jean Miossec
*L’auteur est un homme de terrain. Paul Maire, prêtre du diocèse de Metz, a longtemps accompagné diverses équipes de chrétiens du monde ouvrier. Comme les prêtres de sa génération, il a été fortement marqué par le concile Vatican II. A ses nombreuses lectures, il ajoute une réelle compétence en sciences humaines et sociales. On est frappé par sa modestie : il reconnaît volontiers que son objectif est de mettre à la portée des gens simples les propos d’auteurs qui s’expriment dans un langage le plus souvent savant. C’est donc avec un grand souci pédagogique que l’auteur nous propose une sorte de vision panoramique de ce qu’on appelle « La Crise », celle du monde et celle de l’Eglise, car, dit-il, « tout bouge » et « tout se tient ».