JOURNÉE MONDIALE DES MIGRANTS ET DES RÉFUGIÉS
Témoignage lu hier soir à Sainte Anne et ce matin à Notre Dame- Thionville
Je m'appelle Françoise TEMOIN. J'habite Thionville et ai enseigné pendant de nombreuses années en lycée dans cette ville. Récemment en retraite, j'ai cherché une activité bénévole et ai intégré depuis septembre dernier la Pastorale des migrants dont Patricia Auger en est la coordinatrice provinciale.
Parler des migrants n'est pas chose facile aujourd'hui…
Chacun a ses propres représentations mentales…
Le migrant est peut-être pour vous, votre ancien voisin de classe venu d'Italie ou du Portugal, qui est devenu votre ami, ou bien que vous avez perdu de vue.
Cela peut-être aussi l'ouvrier algérien qui a travaillé dans votre équipe à l'usine.
Ou le médecin roumain ou l'infirmière espagnole que vous avez croisés à l'hôpital Bel-Air.
Le restaurateur chinois ou vietnamien, chez qui vous avez vos habitudes.
Plus récemment, un demandeur d’asile dans ces longues files de réfugiés frappant aux portes de l’Europe.
Ou une photo d'un jeune enfant syrien, sur une plage…
Mais le migrant est peut-être vous-même.
Depuis une dizaine d'années, les migrants d’hier et d’aujourd’hui, qui le souhaitent, sont accueillis par des bénévoles dans le cadre de la Pastorale des migrants, à Thionville au presbytère ND.
Pas de publicité, ils nous connaissent par le bouche à oreille, par le biais des assistantes sociales, des CCAS, des mairies qui donnent l’adresse...
Ils trouvent sur place un lieu où ils sont reçus avec bienveillance ; ils assistent à des cours de FLE (Français Langue Etrangère) car la maîtrise de la langue est primordiale.
Ils reçoivent des vêtements, de la vaisselle, des meubles... donnés par des particuliers.
Des ateliers de peinture pour tous, des groupes de parole pour les femmes permettent aux personnes de sortir de chez elles et d'échanger. Des fêtes Paroissiens/migrants sont organisées, la dernière pour les enfants a eu lieu avant Noël.
L’ambiance est détendue et agréable, chacun dépose ses soucis à l'entrée du presbytère, migrants ou enseignants, et chacun est ouvert aux autres.
La Pastorale a créé des liens avec les autres associations de Thionville pour aider les familles à s’intégrer et pour faciliter un mieux-vivre ensemble.
Pourquoi s'investir dans la Pastorale des migrants ?
Je ne peux parler pour mes collègues, mais en ce qui me concerne je dirai tout simplement « parce que je suis Lorraine, de souche… ».
Parce que la plupart de mes camarades d’école étaient des enfants de migrants, et souvent mes amis aussi.
Parce que j’ai toujours pensé que je pourrais être moi-même sur la route car, à chaque guerre, ma famille a tout perdu, et a été forcée au départ, certes pour un exil en France, mais un exil lui-aussi traumatisant.
Les migrants que nous côtoyons à Thionville sont très divers.
Ils sont originaires de presque tous les continents (Chinois, Brésiliens, Russes, Zaïrois, Hongrois, Serbes, …).
Certains n'ont pas de problème ni d'intégration, ni financiers. Ils sont européens de la zone Schengen, travaillent ou ont des conjoints qui travaillent. Ils viennent pour apprendre le français et pour un peu de chaleur humaine.
D’autres sont en très grande précarité, ils viennent de régions plus lointaines, là où les guerres ont ruiné l'économie, et où la corruption des élites et le mal-développement rendent la vie très difficile.
Les derniers arrivés viennent de pays en guerre, Syrie, Irak, Afghanistan... Quelques-uns ont immédiatement reçu un statut de réfugiés politiques, d'autres sont en demande d'asile.
Nous leur apprenons notre langue.
Nous leur apprenons aussi nos normes et nos valeurs.
Les normes, c'est à dire les règles d'usage de notre société : les règles de politesse, comment se saluer...
Les valeurs, ce sont nos idéaux. Au lendemain des attentats, nous avons beaucoup parlé des valeurs de la République française : Liberté, Egalité, Fraternité. Les personnes que nous côtoyons étaient très demandeurs de ces débats.
Nous tenons aussi à parler du statut de la femme en France et donc de l'égalité homme/femme.
Nous évoquons aussi la notion de laïcité : respect de tous, quelque soit la religion, et respect de ceux qui n'ont pas de croyance religieuse.
Avec la Pastorale des migrants, un réseau existe qui porte le souci de l’accueil et de la dignité de ces familles.
Merci à ceux qui nous accompagnent ou nous accompagneront par leur présence, leur aide, leurs dons éventuels (en vêtements, en objets usuels....).
Merci de m'avoir écoutée.
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Lire le MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES MIGRANTS ET DES RÉFUGIÉS 2016.html
[17 janvier 2016]
“Migrants et réfugiés nous interpellent. La réponse de l'Évangile de la miséricorde”
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