La Déclaration universelle des droits de l’homme
Guy Aurenche, invité par le groupe de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, le 28 novembre à la salle A. Schweitzer à Thionville(57) répondait à la question : les droits de l’homme, une espérance 60 ans après ?
Oui c’est une immense espérance. Ces textes
et tous ceux qui ont suivi, traitent de la survie de ce qui est humain en la personne humaine. Il ne s'agit pas d'une belle théorie mais d'une exigence à partager si nous voulons éviter de tomber dans la barbarie de la violence, de l'injustice, de l'ignorance qui nous guette toujours.
Il nous faut aussi, relever le défi de la mondialisation et le relever ensemble. C'est pourquoi les chrétiens ont toute leur place dans la mise en œuvre de la Dynamique des droits de l'homme. Non pas pour se donner bonne conscience ni même être de "bons chrétiens", mais pour répondre aux appels des hommes et des femmes d'aujourd'hui. "J'étais en prison et tu m'as visité..." là se trouvent les rendez-vous que Jésus nous donne.
Les appels au secours sont nombreux tellement la violence totalitaire gagne, d'autant que nous vivons des moments de peurs. Et la peur est toujours mauvaise conseillère. Au cœur de ces peurs les chrétiens n'ont pas la recette magique mais ils peuvent, par leurs actions modestes et tenaces, par les petites gouttes d'eau partagées, dire une présence, la présence du Tout Aimant qui a vaincu la mort. Au cœur de tous ces lieux de mort, torture, faim, exclusion, chômage, injustice... Jésus ne nous promet pas des lendemains en rose, mais il nous dit sa présence.
Nos actions se concentreront sur la lutte contre toutes les solitudes. Nous pouvons être des briseurs de solitude, par les campagnes de lettre de l'ACAT, par des démarches auprès des gouvernants, par la solidarité exprimée à ceux et celles qui se battent sur le terrain pour ne pas accepter l'inacceptable.
Nous aurons aussi à repérer tous les lieux de discrimination, c'est-à-dire, là où nous enfermons une personne dans sa couleur de peau, sa religion, sa faute. Nous déshumanisons, souvent sans le vouloir en collant des étiquettes réductrices sur ceux "qui nous dérangent".
Nous aurons aussi à ne pas craindre de prendre notre part dans la construction politique, plus juste et plus humaine. L'Eglise catholique nous invite souvent à cet engagement.
Nous aurons à savoir "réhumaniser" celui ou celle qui a oublié qu'il est aussi capable d'amour, de solidarité, de partage. Oui, les droits de l'homme nous disent, d'une manière juridique l'humanité qui est en chacun, au delà de ses seuls défauts.
Alors la prière et l'action de grâce auront toute leur place dans notre action. Comme le lieu où nous allons à la source de l'amour, non pour le garder mais pour le partager. Comme le lieu du dialogue intime avec Celui qui est le Tout Aimant. Comme ce moment où nous puisons en nous-mêmes ce qui est plus grand que nous.
Les droits de l'homme disent l'espérance en actes si nous les faisons vivre. Les chrétiens ne sauraient se taire là où une Bonne Nouvelle peut être partagée.
Guy Aurenche, avocat, Ancien président de l'ACAT (Actions des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture).
Président du CCFD Terre Solidaire (comité Catholique contre la Faim et pour le Développement).
Auteur de la Dynamique des droits de l'homme. Ed. DDB.
Cette soirée a été introduite par un très beau chant sur les droits de l'homme en arabe et en français, composé et interprété par Sayad et Pascal.
