Non, Jésus ne se présentera pas aux élections prochaines afin de solliciter nos suffrages. Seul lui suffit celui de son Père : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir. Ecoutez-le ! » (Mt 17,5) Pourtant son programme pourrait nous intéresser. Il se résume en un mot : « Heureux ! »
Mais, me direz-vous avec pertinence, le programme de tous nos candidats est le même que celui de Jésus. « Soyez avec moi, et je vous rendrai heureux ! » Quelle différence ?
Il y en a une, et de taille. Dans la société qui est la nôtre, le bonheur arrive lorsqu’on sort de la pénurie, du manque. On est heureux quand on a réussi à avoir du pouvoir d’achat, quand on est le plus fort, qu’on est un gagnant, bref quand on est comblé !
Jésus, lui, nous dit : « Heureux vous les pauvres ! Pas après, quand vous serez sortis de votre pauvreté. Non, maintenant ! C’est votre pauvreté qui fait votre richesse. » Paradoxe qui me fait penser à cette parole de Jésus à propos de la miséricorde de Dieu : « Donnez et on vous donnera, une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on versera dans le pan de votre vêtement. » (Lc 6,38) C’est dans le mesure où nous serons vides que Dieu pourra nous combler. C’est la leçon de Jésus au jeune homme riche et le sens de l’appel qu’il nous lance à devenir comme des nourrissons. (Lc 18,15)
Les Béatitudes sont une invitation à vivre dans l’aujourd’hui, comme Jésus. Il est pauvre et doux, il est compatissant et miséricordieux, il est artisan de paix et de justice. C’est à cause de cela (et non malgré) qu’il est profondément heureux. Disponible au bonheur de se savoir aimé par son Père, il est en chemin vers les hommes qui attendent tout de Lui. Vers nous aussi. Si nous sommes assez vides de nous-mêmes, il nous remplira du bonheur de ses élus.
Jean GANTZER